C'est sur ces termes que mon voisin, que je savais peu en clin à manier l'art de la contrepèterie, m'a abordé un beau matin, alors que je passais la tondeuse dans mon jardin. «Que se passe-t-il?» de mandais-je surpris. «C'est ma tondeuse qui fait des parasites?». «Non, je ne parle pas de ça mais plutôt d'hier soir, pendant le match de foot, j'entendais parler dans ma télé et l'image sautait!».
Aie, nous y voila... Je me préparais à cet incident depuis longtemps et du reste, j'avais pris la précaution de prévenir ledit voisin lors du montage de mon pylône. Afin de satisfaire sa curiosité bien justifiée, je lui avais expliqué, en gros, les raisons de cet ornement peu habituel dans un jardin, la nature de mon «hobby», et l'avais mis en garde contre la possibilité d'interférences sur son téléviseur, en le priant de bien vouloir m'en informer rapidement. Dont acte !

BALAYEZ DEVANT VOTRE PORTE

Non, il ne s'agit pas de faire le ménage ! Il s'agit de s'assurer que l'on est soi-même en conformité avec la loi et... que les membres de la famille ne soient pas les premières victimes de notre cher «hobby».

Soyons clairs : il est stupide de vouloir ignorer les risques et les méfaits de l'amplificateur linéaire ! Est-ce vraiment indispensable de le
mettre en service en permanence ? Même si vous pensez fortement que la puissance allouée doit être supérieure à ce qu'elle est dans notre pays,
même si vous avez la ferme conviction que l'on mesure les capacités au DX au nombre de kilowatts, vous ne devez pas perdre de vue que c'est vous
qui êtes en tort vis-à-vis de la réglementation et de la loi... et qu'un jour ou l'autre on vous demandera probablement des comptes. Si vous
devenez «le maître des ondes» à chaque fois que vous passez en émission, si vos enfants ou votre conjoint ne peuvent plus écouter leurs chanteurs
préférés, comment voulez-vous résoudre les problèmes de vos voisins ? Votre première tâche sera de maîtriser parfaitement les interférences dans
votre propre domicile. Nous allons voir comment.

Dans ce dossier, nous traiterons de toutes les sortes d'interférences : TV, VIDEO et HI-FI. On pourrait encore ajouter celles que l'on peut observer sur les matériels micro-informatiques, sur certains appareillages médicaux... ou sur des installations telles que les ascenseurs ou les portes de garages automatiques ! Dans tous les cas, la démarche est la même : elle commence par l'examen minutieux des précautions que l'on a prises pour limiter le risque à la source, c'est-à-dire au niveau de l'installation de la station et des aériens. Ensuite, les remèdes diffèrent selon le matériel affecté et en fonction de l'importance du problème.

UNE STATION QUI NE POLLUE PAS

A une époque où l'on parle beaucoup des nuisances (j'aurais aimé évoquer dans ce dossier toutes celles que subissent les radioamateurs et cibistes, provenant de sources aussi diverses que les lignes EDF, les appareils ménagers mal anti-parasités, les ordinateurs, les radios locales pour ne citer que celles-ci et en vrac), il me semble important de limiter celles qui pourraient nous être imputées. La station d'émission doit être aussi propre que possible et, moyennant quelques précautions, vous pouvez éviter de la transformer en générateur de rayonnements parasites.

Nous allons suivre, pas à pas, le cheminement possible de ces rayonnements «non essentiels», qui deviennent vite des parasites (voir votre dictionnaire préféré).

Une bonne alimentation secteur

La station prélève, en général, son alimentation sur le réseau électrique EDF. Dans quelques cas rares, on utilise une batterie basse tension, et on supprime ainsi la première des causes possibles. Donc, supposons que nous soyons placés dans le cas général. Avez-vous déjà songé à la belle antenne que constituent les fils du secteur ? Les anciens se souviennent que l'on pouvait, moyennant quelques précautions, utiliser à travers une capa, le secteur comme antenne DE RÉCEPTION. Alors, si ça marche dans un sens, pourquoi pas dans l'autre ? Hélas, oui, ça marche aussi dans l'autre sens, et les courants haute fréquence ne demandent pas mieux que de s'échapper par cette belle antenne «secteur».
 

Un autre type de filtre secteur est constitué par un bâton de ferrite sur lequel on bobine les fils du secteur (les deux fils sont bobinés sur le même support). La section du fil sera fonction de la puissance nécessaire à l'alimentation de la station. On pourra également utiliser des tores de ferrite pour effectuer le bobinage.
Ce type de filtre «absorbe» la HF.

La masse métallique du boîtier sera mise à la terre, ce qui nous conduit à parler de la prise de terre.

Pour empêcher cette fuite indésirable, la précaution élémentaire consiste à interposer un filtre secteur. Je me souviens du temps où, l'examinateur passant encore à domicile, il fallait lui présenter un filtre secteur (ainsi que bien d'autres accessoires). Dans le boîtier, un piège à haute fréquence, constitué par des enroulements de fils, en série dans l'alimentation, et des capas. Les courants H.F. ne peuvent franchir ce filtre pour remonter les lignes EDF. Les enroulements peuvent être effectués sur des tubes en plastique ou des mandrins de bois. Chacun des deux fils de l'alimentation secteur est bobiné en sens inverse, afin de limiter toute induction. Ce type de filtre «bloque» la H F.

Si le filtre secteur est facile à réaliser dans tous les cas, la bonne prise de terre est déjà beaucoup plus difficile à obtenir. Surtout quand on habite dans un immeuble collectif ! Pour être efficace, la prise de terre devra relier la station... à la terre par le chemin le plus court. Et c'est là que le bât blesse !
Allez donc relier votre matériel à la terre quand vous habitez au septième ciel, euh, étage, d'un immeuble ! La tentation est grande d'utiliser la prise de terre qui arrive dans chaque appartement moderne, au niveau du tableau de distribution électrique, là où sont les disjoncteurs et fusibles.
Méfiance ! En voulant faire bien, on peut aggraver les problèmes. Si vous devez tirer des mètres de fil pour arriver jusqu'à ce tableau, vous risquez de voir votre fil se transformer lui-même en antenne !
Mais parfois, ce fil de terre qui chemine dans les gaines techniques, tout au long des étages, est plus un mal qu'un remède... et il vaut mieux s'en passer. Et le tuyau du chauffage central ? Vous pouvez toujours essayer, mais là encore, prudence ! Ne perdez pas de vue que ces tubes se promènent dans les autres appartements. Si vous tentez de l'utiliser, pensez à bien gratter la peinture et fixez votre fil au moyen d'un collier
«Serflex».

En maison individuelle, la prise de terre est plus facile à réaliser. On aura tout intérêt à se munir d'un piquet vendu dans les rayons des magasins spécialisés, que l'on enfoncera à coups de masse dans le sol. Un sol bien humide, une liaison réalisée avec du fil de forte section (ou, au pire, par de la tresse de câble coaxial de 11 mm) sont des garanties de succès. L'idéal est de pouvoir constituer une terre plus efficace encore, en mettant dans le sol un treillis métallique... La solution idéale consiste à séparer la terre HF de la terre électrique. C'est elle qui garantit un maximum de protection.

Choquez la terre

Quand la prise de terre risque de véhiculer la HF, on peut tenter de disposer une «self de choc» dans le fil de terre. Bobinez quelques tours avec ce fil, autour d'un bâton de ferrite ou d'un tore, et vous limiterez les risques. Ce piège à HF sera disposé le plus près possible de la station. Pour les fréquences basses, vous devrez utiliser plusieurs tores sur le même fil.

Cela semble évident mais combien d'amateurs négligent cet aspect et trafiquent avec une antenne de mauvaise qualité, qu'ils «accordent» au moyen d'une boîte de couplage (ou «matcher» pour les cibistes). Un fort taux d'ondes stationnaires, même ainsi masqué par la présence du coupleur, est la cause de bien des maux. L'énergie, mal rayonnée, est allègrement distribuée aux téléviseurs et chaînes HI-FI alentour. Soigner l'antenne, c'est soigner la qualité de son émission, de sa réception, et... diminuer les risques d'interférences. On l'oublie trop souvent et l'on voit bon nombre d'amateurs compenser un mauvais rendement de l'antenne par un amplificateur ! Bonjour les dégâts ! On ne fait qu'aggraver son cas.

Une antenne symétrique, où les courants HF sont bien équilibrés, est une antenne saine. On gagnera alors à disposer d'un symétriseur même si l'antenne est réputée fonctionner sans, Un doublet, par exemple, fonctionne très bien sans symétriseur lorsqu'il est alimenté par du câble coaxial.
Pourtant les problèmes de brouillages peuvent trouver, avec l'insertion d'un balun, une solution peu coûteuse ! Un tore de ferrite, quelques spires de fil, une boîte en plastique pour abriter l'ensemble, et le tour est joué.

N'oubliez pas que certaines antennes ont aussi besoin d'une excellente terre pour fonctionner.

Un bon câble coaxial

Outre l'aspect des pertes, qu'il faut prendre en considération, lors de l'achat du câble coaxial, on ne négligera pas le fait qu'un bon câble réduit les risques de brouillages.

Un bon câble, un bon montage du câble, de bonnes soudures. La prise coaxiale, à un bout comme à l'autre, devra être correctement soudée, avec la tresse du câble qui assure un recouvrement maximum, jusqu'au bout, c'est-à-dire à l'intérieur de la prise. Trop souvent, on voit encore des amateurs monter leurs «pé-el» sans souder la tresse du coax, allez savoir pourquoi ! Les années passant, le contact qui parvient à être bon au début, finit par ne plus l'être avec l'oxydation du cuivre. Il s'ensuit une dégradation des performances électriques («tiens, y'a du TOS !») et des risques accrus de générer des interférences.

Des câbles, on en trouve à tous les prix. Choisissez ceux qui offrent le meilleur recouvrement, avec une tresse bien serrée. Evidemment, ils coûtent curieusement plus cher! C'est le prix des performances et de la tranquillité.

Nous venons, en quelques lignes, de faire le tour des précautions élémentaires qui, non seulement garantissent un bon fonctionnement de la station d'émission, mais limitent également les risques de générer des brouillages. Il faut insister sur le caractère indispensable de ces précautions, avant d'aborder d'autres cures possibles, plus coûteuses à mettre en oeuvre, ou demandant plus de recherches.

Rien ne sert de prendre des montagnes de précautions si l'émetteur lui-même est mal réglé ! L'exemple le plus flagrant est celui du réglage de la modulation. Combien d'amateurs ont tendance à pousser le gain micro en pensant qu'ils vont gagner de la puissance !

S'ils disposaient d'un oscilloscope et d'une sonde HF, ils verraient bien vite que cela ne sert à rien. Comme il ne sert à rien d'ajouter un préampli-micro... et là encore, de pousser le gain. Seul le compresseur, rigoureusement bien réglé, apporte un plus lors de l'émission en BLU.
Ces conseils, maintes fois répétés, valent tant pour le radioamateur que le cibiste.
Outre le fait qu'elle devient inintelligible, une modulation trop poussée éclabousse les autres utilisateurs de la bande et produit des anomalies de fonctionnement des étages de puissance. Résultat : brouillages garantis !

Le «liné»

L'amplificateur linéaire est souvent loin de l'être (linéaire), surtout pour les modèles bon marché que l'on trouve chez les cibistes. Il génère alors bon nombre de fréquences indésirables et gêne vos voisins.
La forte puissance délivrée par «le kilo» (voire plus) en service chez de nombreux radioamateurs prend souvent le dessus sur le signal reçu par les téléviseurs ou, nous le verrons, pénètre directement dans ceux-ci ou dans les «chaînes HI-FI». Dans bien des cas, savoir se passer de l'ampli, c'est gagner en tranquillité avec les voisins.
On peut alors ne l'utiliser que de manière brève, pour se faire entendre sur un DX rare. Quant à son réglage, il doit être parfaitement exécuté, ce qui évite, d'autre part, un épuisement rapide des tubes.

Brouillage des téléviseurs

Brouillage des téléviseurs

C'est le TVI pour «télévision interférence» (en anglais dans le texte, je n'ai pas oublié les accents !). L'image est perturbée. Le son peut l'être également. Sur l'image, on voit apparaître des moirages, des barres noires stables ou défilant, qui varient au rythme de la modulation (en phonie) ou de la manipulation (en télégraphie). Parfois, si l'interférence est violente, l'image décroche complètement, le téléviseur ne parvenant plus à se synchroniser. Quand le son est perturbé, on perçoit la modulation. En BLU, elle est souvent inintelligible bien que parfois on puisse parfaitement comprendre ce que vous racontez. En AM, pour les cibistes, pas de doute possible, le son est «fort et clair» ce qui fournit rapidement au plaignant de bons arguments. «Eh, j'ai entendu hier ta femme dans ma télé ! Elle te disait de te dépêcher car elle avait fait des crêpes...». Ouf, heureusement qu'elle ne faisait pas d'autres confidences !

Avant de trouver les remèdes, et de les mettre en oeuvre, il faudra rechercher les causes de ces interférences. La procédure à suivre est simple et logique.

En la respectant à la lettre, vous gagnerez un temps précieux dans vos investigations. A la base, vous n'aurez besoin que de cet «organigramme» de recherche, d'une antenne fictive et de quelques filtres (y compris un filtre «passe-bas» pour votre émetteur).

Quelques mots sur la procédure décrite. L'emploi d'une antenne fictive permet de s'assurer que le rayonnement perturbateur est émis par l'antenne de l'émetteur, ce qui est normal. Ce qui serait anormal, c'est qu'il provienne d'une mauvaise mise à la terre, voire d'un blindage défectueux d'un ampli linéaire.

J'ai connu un «OM» qui, pour refroidir son ampli CB (à tubes, SVP) le faisait fonctionner «capot ouvert» !

Lorsqu'elle est mise en cause, il convient de vérifier son état. Souvent, l'antenne est en place depuis de nombreuses années. Elle a subi les assauts du vent (certains éléments sont de travers), des intempéries (les contacts sont oxydés). Ses qualités électriques se sont considérablement dégradées, même si l'image paraît encore bonne, aux dires du plaignant. Les «dB» sont difficiles à gagner, surtout si l'émetteur est éloigné, mais ils sont très faciles à perdre.

mieux ! Frustration, certes, mais un pylône plus élevé coûte cher et demande une autorisation pas toujours facile à obtenir ! Si le pylône est télescopique, essayez d'émettre en position basse, et si le brouillage disparaît parce que vous n'arrosez plus les antennes TV, vous savez ce qu'il vous reste à faire. L'idéal, c'est d'avoir l'antenne le plus haut possible et... son support le plus éloigné possible des voisins (le champ perturbateur diminuant comme le carré de la distance).

Entrée directe dans les appareils

C'est le cas le plus difficile à résoudre. Bon nombre d'amateurs y sont confrontés. Les électrophones ou magnétophones en plastique, les baladeurs, les orgues électroniques, certains amplis ou «chaînes», certains téléviseurs, n'ont aucune protection naturelle, pas le moindre blindage métallique, envers les interférences.

L'harmonique 3 de la bande 80 m ou ... le 10 MHz ne demandent pas mieux que d'être directement reçues par les FI à 10.7 MHz d'un récepteur possédant la bande FM !

J'ai trop perdu de temps avec les rouleaux de papier d'alu ménager, avec un faible pourcentage de réussite, pour vous conseiller de tenter de tapisser l'intérieur des «caisses» en bois ou plastique avec ce matériau. La véritable solution passerait par une loi, comme dans certains pays, interdisant la commercialisation de matériels sensibles aux «RFI». Faut pas rêver, c'est la lutte du pot de terre, les amateurs de radio, contre le pot de fer, les lobbies des constructeurs qui cherchent toujours à tirer les prix au profit de la qualité.


Décodeurs Canal Plus

Un exemple de ce qui précède nous est fourni par les décodeurs Canal Plus ou les boîtiers d'interface avec le câble, dont la susceptibilité vis-à-vis des champs HF est consternante.
Que faire ? Le plaignant paie un abonnement et vous êtes dans votre droit... Pour le câble, le problème est encore plus épineux quand on sait que certains canaux attribués à cette «télédistribution» tombent en plein dans les bandes amateurs, 144 MHz en particulier !

Parfois, la prise PERITEL y est pour quelque chose : un tore de ferrite peut sauver la mise, si l'on prend soin d'y enrouler le câble PERITEL.
 

Certaines de nos bandes sont plus difficiles à utiliser que d'autres. Leur fréquence, ou les harmoniques produites, sont en relation directe avec les canaux perturbés. Hélas, les filtres ne pourront pas toujours être utilisables. Ainsi, le trafic sur 80 m peut poser des problèmes : les téléviseurs ont des circuits accordés sur 4 MHz et l'émission amateur fait décrocher la couleur. De même, les anciens téléviseurs étaient très sensibles au 28 MHz, pénétrant directement dans les circuits FI (Fréquences intermédiaires). Face à ces problèmes, il y a peu de solutions...

Les interférences liées à des harmoniques sont un peu plus simples à réduire. Quand on a identifié la fréquence qui est à l'origine de l'interférence, il est facile de piéger l'harmonique au moyen d'un circuit accordé, un «bouchon», une «trappe», un quart d'onde, qui va court-circuiter cette fréquence. Ainsi, l'harmonique 5 du 7 MHz tombe très près des 39 MHz des FI de certains téléviseurs, mais on peut l'éliminer. Il est bon de connaître les relations entre fréquences «amateurs» et leurs harmoniques susceptibles de gêner.

Un dossier sur les interférences serait incomplet sans la présentation de quelques modèles de filtres. L'amateur pourra en réaliser certains.

D'autres demandent, pour être bien ajustés, du matériel de mesure. Chacun fera avec ses moyens, l'objectif à atteindre étant la qualité. Nous allons passer en revue quelques modèles de filtres.

Le filtre de gaine

Il est utile dans le cas d'une perturbation de réception TV, lorsque c'est la gaine du câble coaxial qui ramasse la HF. Ce cas est bien plus fréquent qu'on ne l'imagine, pour diverses raisons, et on a tendance à le négliger. C'est certainement le filtre le plus facile à réaliser.

Il se compose de 2 boucles de câble coaxial 75 ohms (le même que celui qui sert pour la descente d'antenne TV). Un couteau à dénuder, un fer à souder, un peu de ruban adhésif, 2 prises coaxiales (facultatives) et une vingtaine de minutes sont nécessaires à sa mise en œuvre.

Deux solutions sont possibles : on travaille directement sur le coaxial de descente, que l'on interrompt pour former le filtre de gaine, ou on garde ce coaxial intact et l'on fabrique un filtre de gaine, équipé de 2 prises coaxiales, que l'on insère dans la descente d'antenne, au niveau du téléviseur. Je suggère la seconde solution, qui évite le risque d'être accusé par le plaignant de «détérioration» de son câble.

Notez que vous pouvez aussi démonter la fiche coaxiale d'extrémité, la récupérer, former la première boucle du filtre avec la descente et la
seconde avec un morceau de câble, dont vous aurez pris soin de vous munir. Pour terminer, vous remonterez la fiche sur cette nouvelle extrémité.

2 - Oter le foret. Souder un petit condensateur ajustable de 30 pF entre les deux extrémités de la self.

3 - Placer l'ensemble dans un boîtier métallique. Percer deux trous dans le boîtier, au diamètre du câble coaxial télévision. Percer un troisième trou permettant l'accès au réglage du condensateur.

4 - Dénuder et préparer les extrémités de 2 morceaux de coaxial. Les introduire dans le boîtier.

5 - Souder les âmes sur les extrémités du circuit accordé. Souder les tresses entre-elles.

6 - Il ne reste plus qu'à équiper les extrémités libres de fiches coaxiales, une mâle et une femelle, afin d'insérer le filtre dans la descente d'antenne.

7 - L'émetteur étant en fonctionnement, ajuster à l'aide d'un outil isolant le condensateur de réglage afin d'éliminer la perturbation.

Cette dernière phase peut avantageusement se faire à la station même, en intercalant le filtre dans l'antenne du récepteur 144 MHz.

On cale le récepteur sur une émission (balise, répéteur, station au signal stable mais pas trop puissant) et on ajuste le condensateur afin d'atténuer le plus possible la réception. Le filtre est préréglé. Chez le plaignant, vous procéderez seulement à une éventuelle retouche minime.

Ils ne sont pas nombreux. En France, il ne reste plus que la société Tonna, bien connue des radioamateurs pour ses antennes. Elle commercialise divers types de filtres sérieux.

Coupe-bande 145
et passe-haut 40 à 900 MHz
Ce filtre élimine (-60 dB) le 145 MHz. Il atténue aussi fortement les fréquences inférieures à 40 MHz (de -30à -55 B). Il porte la référence 33308. Convient aux radioamateurs (144 et déca) et aux cibistes.

Passe-haut de 40 à 900 MHz
* Il atténue de 50 à 60 dB les fréquences inférieures à 40 MHz.
* II porte la référence 33310. Convient aux radioamateurs (déca) et aux cibistes.

Filtre de gaine,
passe-haut de 40 à 900 MHz
* Il atténue les fréquences HF, de 1 à 7 MHz de 115 dB environ, puis jusqu'à 30 MHz de 90 à 40 dB.
* Il porte la référence 33207. Convient aux radioamateurs et cibistes.

Coupe-bande 433 MHz
-Atténue de 15 dB les fréquences entre 432 et 434 MHz. Il porte la référence 33312. Convient aux radioamateurs.

Coupe-bande 438 MHz
-Atténue de 30 dB les fréquences entre 437 et 440 MHz.
* Il porte la référence 33313. Idéal pour émission ATV.
* En Angleterre, la société AKD fabrique aussi des filtres, dont certains sont importés en France par SORACOM.

L'utilisation d'une ferrite est très simple. On s'en sert comme support pour bobiner quelques spires du fil d'alimentation, d'antenne, ou de haut-parleur, de l'appareil perturbé. Certaines ferrites sont circulaires et ne peuvent être ouvertes. Il faudra alors démonter les prises situées au bout du fil pour effectuer le bobinage. D'autres, plus astucieuses, sont constituées de 2 demi coques et l'on pourra bobiner le fil sans rien démonter. Les demi coques sont réunies par une carcasse en plastique. Les bâtons de ferrite sont plus difficiles à trouver. Il faudra les récupérer sur des récepteurs de radio (PO-GO) qui partent à la casse. Voyez chez le dépanneur du coin.

Voici un exemple typique d'utilisation d'une ferrite. Le téléphone est perturbé par vos émissions.

Qu'à cela ne tienne, essayez de bobiner autour d'une ferrite, le fil de ligne et, éventuellement, celui du combiné. Dans certains cas, c'est efficace.

Si l'interférence est provoquée par l'antenne que constituent les fils de haut-parleurs de l'installation HI-FI, vous pourrez tenter d'en bobiner les extrémités sur des tores ou bâtons de ferrite, comme décrit ci-dessus.

Fils secteur

Les fils d'alimentation secteur d'appareils perturbés seront avantageusement enroulés sur ces ferrites. Voir la photo qui illustre ce texte.

Dans tous les cas, filtres ou ferrites, il faudra déterminer l'emplacement le plus efficace en procédant à des essais successifs. Par expérience, je peux vous affirmer qu'un filtre «bouchon», qui s'avérait inefficace au ras de la prise coaxiale de mon téléviseur, a supprimé toute trace d'interférence lorsque, contrairement à toute attente, je l'ai mis au niveau de la prise murale, là où arrive la descente coaxiale.

Pour les ferrites, il en est de même. Elles peuvent avoir un comportement différent selon qu'on les place à un bout ou à l'autre, voire aux deux extrémités, du fil qu'elles protègent.
 

Enfin, il n'y a pas de recette absolue, efficace dans tous les cas. Il faut souvent procéder par tâtonnements et la recherche de la solution demande beaucoup de patience. Pour un même cas, il ne faut pas négliger d'essayer plusieurs solutions, par exemple en combinant ferrites et filtres. Par expérience, toujours, les plus grosses difficultés surviennent lorsque la réception TV passe par un ampli.

Les solutions les plus simples s'appliquent aux cas où il y a une télédistribution. Du reste, si l'installateur est intelligent, il n'hésitera pas à vous faciliter la tâche... Malheureusement, il est des cas d'espèces que l'on ne peut résoudre. Ainsi, l'entrée directe de HF dans les magnétophones, électrophones ou «chaînes» en plastique est un véritable cauchemar.

S'il a des devoirs, le radioamateur a aussi des droits. Il ne saurait être question de les remettre en cause face à ces problèmes d'interférences. Le comportement exemplaire de l'amateur face au plaignant est sa meilleure garantie. Si l'affaire dégénère (voie de faits, sévices sur la personne ou les installations...) il ne faut pas hésiter à porter plainte. Il est des exemples, hélas tragiques, où les armes ont parlé.

En règle générale, les services de TDF (protection de la réception) sont extrêmement compétents et apportent, àl'usager comme à l'amateur, aide et conseils. Il convient d'insister sur le fait que l'amateur doit jouer le jeu. A quoi bon prétendre que l'on ne possède pas d'ampli si, une fois que les techniciens ont tourné le dos, il doit ressortir du placard

La procédure à suivre, afin de faire intervenir TDF, est simple : vous pourrez l'expliquer au plaignant, afin de lui prouver que vous ne craignez pas ce contrôle technique. A terme, il sera votre meilleure garantie car il doit prouver que votre installation est conforme et ne présente pas d'anomalie. Souvent, il met en évidence la vétusté de l'installation N ou un défaut particulier.

Il suffit d'écrire à TDF (Service «Protection de la réception») ou au CSA, qui gère la protection des fréquences, pour qu'une équipe spécialisée intervienne. Les techniciens de TDF se déplacent, constatent la gêne provoquée (moirages, interférences dans le son) et dispensent quelques conseils. Dans le cas des radioamateurs et des cibistes, un compte-rendu est transmis aux PTE (à la DRG), ce qui provoque l'intervention de ces services. Une nouvelle série de mesures peut être effectuée, en présence de techniciens de TDF. L'amateur a intérêt, tout au long de la procédure, à se montrer coopératif. Enfin, aux petits malins qui pensent qu'on peut cacher un ampli, sachez qu'il existe des moyens techniques permettant de déceler sa présence par des mesures de champs, en tenant compte des caractéristiques des antennes...
L'installation du plaignant est vérifiée par TDF. Des normes sont établies, en ce qui concerne l'installation TV. Edité par l'Union Technique de l'Electricité, l'un de ces textes précise quelles sont les tensions qui doivent être délivrées au niveau de chaque prise d'usager. Parfois, une seule prise antenne alimente 2 voire 3 téléviseurs dans le même appartement, sans aucun répartiteur !

Nous reproduisons un extrait de ce texte.
 

Prises TV

La mesure est effectuée sur les crêtes de modulation «porteuse image».
De 47 MHz à 230 MHz il faut 750 µV. De 470 MHz à 606 MHz, il faut 1000 µV. De 606 MHz à 862 MHz, il faut 1400 µV.

En aucun cas, la limite supérieure de 7 mV ne sera dépassée.

Enfin, dans une même bande de fréquences, les écarts entre 2 émetteurs ne doivent pas excéder 6 dB. Les niveaux doivent être stables à 1 dB près.

On le voit, ces normes sont sévères. Pour la meilleure garantie de l'usager et de l'amateur, et il faut les faire respecter. En réunion de copropriété, ou si l'on demande votre avis, n'hésitez pas à suggérer le changement d'antenne (par un modèle au gain plus important), plutôt que l'installation, toujours plus facile, d'un ampli qui risquera d'aggraver les choses !

EFFICACITE DES MOYENS DISPONIBLE

Ce tableau (page suivante) résume les moyens à essayer face aux divers cas d'interférences rencontrés.

RELATIONS ENTRE CANAUX FM. TV ET HARMONIQUES

Ce tableau (page suivante) met en évidence les relations entre les fréquences des bandes amateurs (ou CB) et les canaux des bandes FM ou TV.

L’AVENIR

Des règles sont en cours d'élaboration au sein de la CEE. Dans quelques années, à l'horizon 1995, on ne devrait plus voir sur le marché de matériels non conformes aux lois édictées quant à leur protection vis-à-vis des interférences. Un label sera apposé sur le matériel électronique. Bien sûr, cela ne va pas résoudre les problèmes pour le parc déjà existant, mais il est rassurant de voir que l'on commence à s'en soucier... L'adoption de ces directives devrait se faire d'ici la fin 1991. Mais les lois en vigueur (ou leur absence !) dans chaque pays s'appliqueront jusqu'en fin 1995.

Les amateurs de radio, en France, ont encore le temps de s'arracher les cheveux face à ces problèmes d'interférences !

Rendant visite, il y a quelques années, à un ami radioamateur allemand, j'étais surpris d'apprendre qu'il lui avait suffi de donner un coup de téléphone chez Grundig, pour obtenir un kit que le technicien du coin a monté illico sur le téléviseur d'un voisin perturbé. Par souci d'économie, ces kits ne sont pas montés sur tous les téléviseurs mais ont le mérite d'être disponibles... là-bas.

Pour trafiquer tranquille, appliquez ces quelques règles : elles valent leur pesant d'or !

* Apprenez à bien régler votre émetteur et, surtout, ne poussez pas la modulation, cela ne sert à rien.

* Trafiquez avec des antennes parfaitement réglées et disposées le plus haut possible, afin de passer largement au-dessus du plan des antennes TV.

* Insérez un filtre secteur et un filtre passe-bande (ou cavité VHF) dans votre installation.

* Reliez les éléments au plus court, avec des coaxiaux de bonne qualité.

* L'ampli linéaire n'est pas indispensable, sachez le laisser en Stand By.

* Ayez toujours chez vous (ou au radio-club) un échantillonnage de filtres variés.

* Si vous êtes radioamateur, et que vous trafiquez sur plusieurs bandes, abstenez-vous d'utiliser celles qui provoquent une gêne, pendant les heures de grande «écoute» TV. Même chose pour les directions d'antenne.

* Recherchez les causes les plus improbables : une gouttière ou une canalisation métalliques, copieusement arrosées par de la HF, peuvent la «réémettre» chez vos voisins. Avez-vous pensé au câble multiconducteurs du rotor ?

* Soyez courtois et diplomate en cas d’incident.

Filtres : - Antennes TONNA. 51100 REIMS. Tel :26.07.00.47
- SORACOM : distributeur de filtres divers.

Biblio : - INTERFERENCES RADIO. Editions SORACOM.


Denis BONOMO, F6GKQ